• Abyss

    Voici un petit texte écrit à l'occasion d'un défi organisé sur un forum (Draw) contre Sebast20 ^^ (son blog est dans la rubrique Liens :3)

     

    Notre thème était la transformation : nous devions décrire une transformation en l'introduisant dans un récit (je crois x)

    Les votes étaient serrés et son texte super mais il me semble que je l'ai emporté d'une voix :P

    Sans plus attendre, le voici ^^

    Bonne lecture :D

     

    Abyss a toujours été agressive et hostile envers les autres. Beaucoup la craigne. En même temps, sa vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Orpheline, elle a vécu dans les rues les plus sales et désaffectées de Londres. Volant pour survivre, jeûnant les jours de mauvaise fortune, ne se lavant que quelques fois, globalement, dans une rivière en périphérie de la ville, gelant sous la seule et fine couverture qu’elle possède, en hiver, au fin fond de la vieille cave où elle habite.

    Orpheline, oui. Son prénom ? Elle a toujours eu la conviction qu’elle s’appelait comme ça. Ses parents l’ont vraisemblablement abandonnée à cause de ses yeux. Rouges comme le sang, ils brillent d’intelligence mais aussi de férocité, de froideur et... d’animosité. Les yeux du démon, comme tout le monde dit.

    - Petite garce ! Reviens ici !

    Le boulanger brandit le poing. La robe noire usée et trop grande de la jeune fille claque. Ses pieds sales et menus semblent à peine effleurer le sol. Ses cheveux coupés irrégulièrement aux épaules se soulèvent à chaque pas rapide. Quelques longues mèches volent derrière elle. Ses bras trop maigres serrent une miche de pain contre sa poitrine, son petit corps bousculant les gens surpris, nobles ou pauvres, sur son passage. L’homme la suit en courant jusqu’à ce qu’il la perde de vue dans la foule.

    Elle traverse plusieurs ruelles pavées de plus en plus désertes pour arriver dans un cul de sac où elle pousse un caisson en bois qui découvre une petite ouverture. Elle s’y engouffre sans perdre un instant. Pendant quelques minutes, elle rampe dans le boyau étroit et arrive au-dessus d’une petite grille, dans le tunnel, qui débouche sur une grande pièce pleine de poussière, aux objets cassés éparpillés sur le sol. La jeune fille enlève la grille et saute sur une grande table juste en-dessous. Pouvant encore atteindre le plafond, elle remet la grille en place et descend de la table. Elle ne se relâche qu’une fois assise en boule dans un coin de la salle. Abyss attend quelques instants, le temps de reprendre son souffle, puis dévore le pain qu’elle venait de voler. La fatigue l’envahit. Elle se couche, les genoux toujours repliés sur sa poitrine et ses yeux se ferment, peu à peu. Elle fait encore ce rêve bizarre qui revient toutes les nuits, à chaque fois qu’elle s’endort.

    Elle est enchaînée, dans le noir complet,  par une longue chaîne encrée dans le sol et rattachée à un épais collier de cuir pendant à son cou. Mais elle ne cherche pas à se débattre. Elle attend, assise en boule. Elle attend. Quoi ? Elle ne le sait pas elle-même, mais elle a le sentiment que c’est sa raison d’être. Qu’elle ne peut qu’attendre… pour l’instant.

    Ses yeux s’illuminent dans le noir. Et elle voit une main gantée, tendue vers elle, émerger des ténèbres. Une voix retentit :

    - Viens à moi, Abyss.  Et sers-moi pour toujours…

    Elle se lève et tend le bras pour saisir la main mais celle-ci se désagrège avant qu’elle ne puisse la toucher. Le sol se dérobe sous ses pieds nus. Elle tombe, mais reste figée, le regard fixe et la main toujours tendue.

    D’habitude, elle se réveille à ce moment-là. Mais, aujourd’hui, quelque chose change. La Voix s’élève une nouvelle fois dans l’ombre.

    - Tu es prête, maintenant. Reviens à moi…

    Et elle s’écrase sur un sol dur et froid. Son bras tendu retombe mollement dans une flaque de sang s’étendant de plus en plus. Son regard écarlate se vide de toute vie…

    Elle se réveille en sursaut. Encore effrayée, elle s’assoit et appuie son visage sur sa main. Celle qu’elle tendait, dans son rêve. Elle transpire à grosse goutte. Sa robe est trempée. Des picotements lui parcourent alors tout le corps tandis qu’elle est secouée de violents spasmes.

    Devant son visage, sa main se grise. Elle la retire précipitamment, les yeux écarquillés par la terreur. Petit à petit, son bras change de couleur pour devenir gris argent. Elle se lève brusquement pour regarder ses jambes. Le même changement s’opère.

    Une douleur fulgurante éclate dans sa mâchoire. Elle plaque ses doigts cendrés sur sa bouche. Dedans, ses dents deviennent plus pointues, s’affinent et s’aiguisent. Le mal passé, elle tâte ses canines, maintenant devenues coupantes comme des rasoirs.

    Un bourdonnement retentit dans son crâne. Ses oreilles sifflent. Elle hurle en plaquant ses mains de chaque côté de sa tête et tombe à genou. Mais elle ne s’évanouit pas. Elle sent ses oreilles se tasser pour disparaître sous une couche de peau recouverte de cheveux. Pendant un instant, elle n’entend plus rien. Même pas son propre cri. La forme de son crâne change. Des os poussent sur le haut de sa tête. De nouvelles oreilles félines apparaissent entre ses cheveux. La douleur cesse encore une fois mais apparaît autre part.

    Le bas de son dos se déforme. Des os, des muscles et des articulations poussent pour former une queue de chat. La jeune fille serre les dents pour ne pas crier encore. Mais elle ne se retient plus lorsqu'une lame plus aiguisée que ses canines perce le bout de la queue. La plaie se referme sur le métal pour ne plus laisser aucune marque, pas même une cicatrice.

    Mais les élancements se font bientôt ressentir dans ses omoplates. Elles se déforment aussi, des articulations et des muscles poussant peu à peu. Insoutenable. La jeune fille tombe de tout son long. De la peau enveloppe la chair puis, des plumes noires la recouvrent. Deux immenses ailes couleur de nuit, soyeuses et douces, s’élèvent maintenant, majestueuses, dans le dos d’Abyss. Épuisée et affaiblie par la douleur, elle s’évanouit.

    Plus tard, qui ne doit pas être si tard que ça, elle est réveillée par d’autres spasmes. Elle ne peut plus bouger ses jambes dont les os se déforment. La douleur n’est pas moins forte que les premières transformations. Ses ongles deviennent des griffes acérées et ses jambes, des pattes puissantes.

    Puis, c’est au tour des bras. Les élancements les plus perçants qu’elle n’ait jamais ressentis. Ses mains et ses avant-bras se rétractent jusqu’au coude. Abyss hurle tout ce qu’elle peut, comme pour faire sortir cette douleur insupportable. Le bout de ses bras se fend en deux lames doubles recourbées plus aiguisées qu’aiguisées. Identiques, elles étaient toutes deux percées d’un arc de cercle de la taille d’une gorge sur la lame inférieure.

    Alors que les dernières douleurs cessent, elle reste tout de même sur le sol froid, essayant de reprendre son souffle et son calme.

    Lorsqu’elle se sent mieux, elle se lève difficilement, ne contrôlant pas encore très bien ses nouvelles jambes. Elle s’appuie sur ses bras de métal. La plaie d’où sont sorties les lames s’est refermée. Elle titube. Quelque chose tinte à son cou. C’est un collier en cuir noir, très épais, qui pend à sa gorge. Celui qu’elle avait, dans ses rêves. Elle se rend alors compte que le son du collier retentit plus clairement dans sa tête qu’il ne l’aurait fait alors qu’elle était encore humaine.

    Elle n’est plus humaine. Qu’est-elle, alors ?

    Un grand miroir fissuré tient encore debout au fond de la salle. Elle s’en approche en vacillant. Son souffle est encore court sous la douleur passée. Ses yeux fatigués aperçoivent alors ce qu'elle est maintenant : elle ne peut pas donner de mot à sa nouvelle forme. Un être mi-homme mi- bête mêlé d’armes. Quelque chose de très étrange mais fascinant à la fois.

    D’abord craintive, elle approche prudemment du miroir pour le toucher du bout de sa lame gauche. Rien ne se produit. Elle avance un peu plus et se redresse pour observer tout son corps.

    Elle voit en premier les armes luisantes de ses bras et une troisième se balançant derrière elle. La jeune fille se contorsionne pour observer sa queue féline terminée par une lame assez semblable à celles de ses bras. Des plumes sombres se balancent devant. Elle lève un peu les yeux pour tomber sur deux grandes ailes magnifiques tombant jusqu’au sol. Elle actionne ses nouveaux muscles et les deux membres volatiles s’étendent alors sur toute leur envergure faisant bien 3 ou 4 mètres, puis retombent doucement. Sur leur passage, les plumes effleurent ses jambes. Ou plutôt ses pattes. Des pattes arrière canines, élancées et puissantes. Elles sont recouvertes jusqu’aux hanches de poils noirs et soyeux. Son regard remonte jusqu’à son torse. Sa poitrine est ceinte d’une bande de fourrure noire. Puis, elle aperçoit ses oreilles. Elles ne sont plus de chaque côté de sa tête mais se dressent sur le haut de son crâne. Des oreilles de lynx. Noires. Seul son visage n’a pas changé du tout. Mais elle a l’impression d’avoir une vue plus perçante, maintenant. Les vibrations des petites bêtes dans la cave parviennent jusqu’à elle. Abyss les sent comme si elle bougeait elle-même.

    Elle se contemple encore quelques instants, impressionnée. Elle ne pense plus à la douleur ressentie juste avant. Juste ce qu’elle voit l’importe.

    Elle se sent libérée. Libérée d’un poids qui la tenait rattachée à ce monde pourri. Maintenant, elle a le sentiment de pouvoir tous faire. Réaliser ce qu’elle n’a pas pu jusqu’à maintenant. Au début, elle était effrayée et surprise. Mais, maintenant, elle est plutôt contente de ce qui lui arrive. Elle est spéciale. Les autres n’ont pas ce pouvoir. Elle pense aux vengeances qu’elle pourrait effectuer sur tous ceux qui l’ont méprisée, rejetée.

    Sans s’en apercevoir, ses yeux se posent sur le collier à son cou.

    Non… Elle ne peut pas. Pas maintenant. Ils n’ont qu’à crever dans ce monde condamné, ça suffira. Pour l’instant, elle veut Le retrouver. Lui. Celui qui l’appelait dans ses rêves. Elle ne sait pas qui Il est, mais elle doit Le retrouver.

    Elle lève la tête vers le plafond fissuré, actionne ses ailes, s’élance brusquement vers le haut et donne un grand coup dans la fissure avec sa lame droite. Elle perce la pierre et débouche sur une autre pièce, déserte, éclairée par la lumière du soleil filtrant par les fenêtres. Ses pupilles se sont rétractées pour échapper aux rayons. Elle brise un carreau et s’envole vers le ciel.

    En plus de ses 5 sens sa perception des choses avait changé, aussi. Elle saisissait maintenant les présences vivantes beaucoup mieux et de plus loin.

    Quelques mètres plus bas, la jeune fille distingue une présence différente des autres. Elle effectue un atterrissage en piquée parfaitement contrôlée, comme si elle l’avait toujours fait et se pose en douceur dans une clairière. Elle ne perçoit plus rien.

    Fatiguée par ce qu’elle venait de vivre et sa nuit agitée, elle grimpe dans un des arbres de la clairière et s’assit, le dos au tronc, sur la plus haute des branches possible. Au début, elle n’avait l’intention que de se reposer, terrifiée à l’idée de refaire son dernier rêve, mais, bientôt, elle tombe dans les bras de Morphée sans pouvoir se rattraper.

    Elle en fait bien un, de rêve, mais il est encore différent.

    Elle est toujours enchaînée. Elle n’est plus humaine. Elle attend. Un peu. Puis, la chaîne se brise. Mais le collier est encore bien attaché à sa gorge. Néanmoins, Abyss se lève et bat des ailes. Elle décolle, la tête tournée vers les ténèbres d’en haut.

    - C’est ça, Abyss. Reviens vers moi… et sers-moi… pour l’éternité !

    Elle se réveille brusquement, en sueurs. Elle essaie de reprendre son souffle, recroquevillée sur elle-même. Puis, ses yeux écarquillés de terreur se relâchent et elle ferme les yeux doucement pour remettre de l’ordre dans sa tête.

    Ce n’était qu’un rêve. Ce n’était qu’un rêve. Ce n’était qu’un rêve. Je suis libre, désormais. Plus personne ne me dictera ce que je dois faire. Totalement libre. Libre de faire ce que je veux. Je ne dépendrai plus jamais de quelqu’un. Plus jamais de ces marchands et nobles hypocrites que je volais, avant. Oui, totalement libre.

    Elle redescend de l’arbre, calmée et déterminée. Elle veut juste Le retrouver. Lui demander des explications. Ensuite, elle partira faire sa nouvelle vie dans les montagnes où elle a toujours rêvé d’aller.

    Elle s’envole. Plus loin, elle ressent la même présence qu’au-dessus de la clairière. Elle provient d’un vieux manoir, très élégant, mais un peu sinistre. Il pleut. Elle fait quelques cercles au-dessus de la vieille demeure, puis se pose devant l’entrée. Elle n’a pas peur.

    Elle pousse l’immense porte finement sculptée pour déboucher sur un immense hall d’où partent plusieurs couloirs au rez-de-chaussée. Au fond, un grand escalier central se sépare en deux autres escaliers plus petits partant à droite et à gauche et menant à une mezzanine au premier étage.

    Il n’y a aucune lumière. Seuls les éclairs illuminent quelques fois la vaste entrée. Elle avance prudemment jusqu’au centre de la pièce.

    - Te voilà enfin, Abyss.

    Elle sursaute. Un homme tenant un chandelier commence à descendre l’escalier. Elle recule, sur ses gardes.

    Il est grand, la vingtaine, habillé très élégamment, comme les nobles de l’époque, tout en noir. Seuls ses gants sont immaculés. Comme dans ses rêves. Son visage fin et sans imperfections sourit comme soulagé d’un grand poids. Ses cheveux coupés juste en dessous des épaules sont blonds platines aux reflets d’or. Ses yeux verts semblent faits d’émeraude. Ou plutôt, au moins un. L’autre est caché par un pansement tenu par 4 fils attachés derrière sa tête.

    Subjuguée, Abyss relâche son attention. Elle est tellement impressionnée qu’elle ne voit pas l’homme s’approcher d’elle de plus en plus près. Lorsqu’il est à moins d’un mètre, elle se rend compte de sa proximité et, voulant reculer, tombe en arrière.

    - Allons, n’aie pas peur. Je ne te ferai aucun mal. Je te le promets. Je te traiterai mieux que n’importe qui l’a fait pour toi auparavant.

    Étonnée par cette déclaration, elle écarquille les yeux. Cette voix est bien la même que celle de ses rêves.

    - Co… comment ça vous me « traiterez » ? Je… je veux juste des explications ! Pas rester avec vous !

    Son sourire disparaît pour laisser place à l’étonnement.

    - Tu ne « veux pas » rester avec moi ? Des « explications » ?

    - Oui, des explications ! Pourquoi hantez-vous tous mes rêves ? Quels liens ai-je avec vous ?

    Il rit.

    - Ahahahaha ! Quels liens ? Mais c’est une relation maître-serviteur, bien sûr ! Comme je te l’ai dit dans tes rêves. Tu n’as pas le choix. Tu dois me servir.

    Maintenant, il sourit chaleureusement, comme un père le ferait pour sa fille.

    Alors qu’il prononçait cette dernière phrase, la jeune fille prend conscience de sa destinée. Oui, elle est destinée à le servir. C’est sa seule raison de vivre.

    Détrompez-vous, il ne lui a jeté aucun sort, il n’a aucune emprise sur les êtres vivants. C’est juste la vérité.

    - Oui, maître.

    Elle s’agenouille devant lui.

    - Bien. Très bien, Abyss. Tu es prête, à présent. Le pacte est scellé. Tu es maintenant mon serviteur légitime. Le serviteur de Haziel le Déchu…

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